Le gouvernement canadien autorise l’importation de médicaments non-homologués pour freiner l’abus d’héroïne et d’opioïdes dans les principales provinces touchées. Les professionnels de la santé utiliseront des anti-opioïdes tels que le Diaphin, le Vivitrol, la Probuphine et le Suboxone pour traiter la dépendance aux drogues de rue. Par Myriam Allaf Le 28 juin 2017, Santé Canada a publié une liste contenant tous les médicaments nouvellement approuvés jugés les plus nécessaires en temps de crise en santé publique. Entre autres, elle y contient des médicaments qui n’étaient pas disponibles jusqu’alors sur le territoire canadien, utiles pour remédier à la crise des opioïdes. C’est dans la liste des médicaments en cas de besoin urgent en santé publique que ces médicaments non-homologués sont mis à jour régulièrement depuis l’instauration de cette nouvelle loi en avril 2017. Bien que ces médicaments soient légaux aux États-Unis, en Europe et en Suisse, le Canada ne les avait pas encore acceptés. Ces nouveaux règlements sont contenus dans le Règlement modifiant le Règlement sur les aliments et drogues. L’objectif de l’accès à ces nouveaux médicaments visera à augmenter l’efficacité de traitement pour un plus grand nombre de patients. Il aspirera également à réduire le nombre de rechutes auprès des toxicomanes. L’importation de ces médicaments n’aura cependant pas de pouvoir sur la réduction du nombre de personnes dépendantes. La consommation d’opioïdes génère de nombreuses conséquences dans la vie des personnes aux prises avec une dépendance, en plus des répercussions dans la société. Il y a augmentation d’actions criminelles, du risque d’infection au sida et du nombre de décès par surdoses d’opiacés. En 2016, 2816 personnes sont décédées en raison de surdoses aux opiacés au Canada. Les prescriptions d’opioïdes sont en hausse. Les données de la RAMQ indiquent une augmentation de 29 % des prescriptions entre l’année 2011 et 2015. Nature de cette tendance Mathilde Tremblay, pharmacienne propriétaire, croit que l’augmentation de la prise d’opiacés correspond à un mésusage, à une mauvaise information ou à une vente illégale de ces médicaments. «Il y a surprescription. Les opioïdes sont trop vite utilisés pour traiter une douleur quelconque, qui n’est peut-être pas nécessaire de traiter», déclare-t-elle. Elle souligne de plus que plusieurs personnes ont des prédispositions génétiques à développer une dépendance. Cette prédisposition se traduit par une faiblesse déjà présente. Le sentiment d’euphorie ressenti forge la répétition des épisodes d’abus. Raisons de cette importation La méthadone est la solution de première instance pour traiter la dépendance aux drogues de rue. C’est un anti-opioïde déjà autorisé qui est couramment utilisé. Elle ne figure donc pas sur la liste des nouveaux médicaments. «Par contre, elle n’est pas efficace pour tout le monde. Certaines contre-indications obligent le recours à un autre traitement», explique le Dr Louis Gendron, chercheur et expert en opioïdes au Centre de Recherche du CHUS de Sherbrooke. Il ajoute qu’il est primordial de choisir un traitement de substitution convenable afin d’optimiser son efficacité et de ne pas causer préjudice à l’état de santé du patient. Ainsi, le professionnel de la santé doit trouver un autre agent médicamenteux pour éviter une inefficacité ou des effets secondaires dangereux. Des procédures accélérées et de nouveaux règlements Au Canada, le programme d’accès spécial (PAS) de Santé Canada permet à un patient particulier d’obtenir un médicament dont la vente n’est pas autorisée. Il y a, de plus, la demande d’essai clinique (DEC) qui est la procédure générale pour la mise en marché d’un médicament. Cependant, ces deux mécanismes réglementaires ne sont pas adaptés pour un besoin urgent en santé publique. L’importation de ces médicaments sera permise pendant un an dans les provinces où un avis d’un agent de santé publique aura été émis. Cependant, si l’avis est renouvelé au cours des douze mois suivants l’émission de l’avis initial, l’importation et la vente du médicament continueront. Plus de la moitié des décès par surdoses est attribuable au fentanyl ou à ses analogues, au Canada en 2016.
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Auteur(e)sÉric Whittom ArchivesCatégories |