La naloxone à la rescousse pour sauver des vies Entre janvier 2016 et mars 2017, plus de 3 400 personnes au Canada seraient décédées en raison d’une consommation d’opioïdes, selon un rapport du gouvernement du Canada. «Le Canada connaît une grave crise des opioïdes qui s’intensifie et qui, partout au pays, a des effets dévastateurs sur les familles et les collectivités.» Les opioïdes sont utilisés notamment pour soulager une forte douleur ou de la toux importante. Dans cette classe de médicaments sur ordonnance ou sous contrôle du pharmacien, on trouve entre autres la codéine, la morphine, le fentanyl et l’oxycodone. Certaines personnes à la recherche d’un effet euphorisant en achètent auprès de revendeurs de drogues ou à la pharmacie, en subtilisent à leurs proches, dépassent la dose recommandée ou consultent plusieurs médecins. «La surconsommation de ces médicaments peut avoir des conséquences graves sur la santé et entraîner une dépendance», souligne Santé Canada sur son site Web, à la page Analgésiques opioïdes. Un risque d’intoxication guette alors les utilisateurs d’opioïdes. Un surdosage peut provoquer une détresse respiratoire qui peut mener au décès. C’est à ce moment que la naloxone doit être utilisée de toute urgence. Écoutez cette capsule audio pour en savoir davantage sur cet antidote aux opioïdes.
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par Myriam Allaf J’ai été intéressée par un blogue intitulé Grand-maman fume du pot. Ça a suscité ma curiosité et j’y ai trouvé de nombreux articles traitant de notre sujet, soit l’utilisation efficace des médicaments. L’article que j’ai décidé d’analyser est « La crise des opioïdes, et si le cannabis faisait partie de la solution ? » Ce blogue m’a paru douteux à première vue. Je me disais qu’il avait sans doute été écrit par un fervent de la marijuana uniquement pour en vanter les mérites. L’auteur mentionne plusieurs informations et statistiques qui ne sont pas accessibles directement, puisqu’il n’y a aucun lien menant aux données présentées. Par contre, il fait toujours référence à ses sources, mais en les citant de manière incomplète, ce qui fait qu’il est difficile de les retracer. Par exemple, il appuie ses données sur une étude de cohorte menée par l’Université de la Californie à Berkeley auprès de 3000 personnes aux prises avec des douleurs chroniques. Cependant, comment trouver l’étude originale ? On ne sait pas qui sont les auteurs de cette recherche ni en quelle année elle a été publiée.
En regardant l’ensemble du blogue, on constate que les premiers articles publiés remontent à mars 2017. C’est donc un blogue très récent. Les articles proviennent tous d’un seul et même auteur : André Gingras. J’ai donc cherché sur les moteurs de recherche si les informations véhiculées correspondaient bien à celles de la section Contact du blogue. L’auteur a une page Facebook à son nom qui sert à faire la promotion de son blogue et d’un livre dont il est l’auteur. Il a un compte LinkedIn professionnel. Les informations coïncident. André Gingras a bien les connaissances et les compétences nécessaires à l’écriture de ces articles. Il est un professeur d’horticulture à l’Université Laval et est diplômé en agronomie et en psychopédagogie. Son livre porte le même titre que son blogue et il est possible de l’acheter sur le blogue en version numérique ou papier. En faisant une autre petite recherche sur ce livre, j’ai constaté qu’il est en vente dans plusieurs librairies, notamment chez Renaud-Bray, ce qui augmente grandement la crédibilité du blogue. André Gingras a aussi été reçu à plusieurs reprises en entrevue à TVA. Comme c’est un poste médiatique de renom, il y a sûrement eu au préalable un processus de vérification des faits à son sujet. Ce serait très surprenant, finalement, que son livre et son blogue soient une fausse nouvelle. Source de l’article étudié : https://grandmamanfumedupot.com/la-crise-des-opioides-et-si-le-cannabis-faisait-partie-de-la-solution « Malgré les recommandations des experts, les médecins continuent de prescrire des somnifères aux personnes âgées, parfois au péril de leur vie. Il est temps de penser à la déprescription » c’est la recommandation du docteur en pharmacie Justin Turner. La déprescription est la procédure pour diminuer ou arrêter la prise de médicaments inutiles ou potentiellement nuisibles. par Catalina Villegas Selon les données de la campagne nationale Choisir avec soin, près d’un tiers des personnes âgées prennent des somnifères malgré les risques propres à ce groupe d’âge. Ces risques incluent la dépendance physique, confusion et pertes de mémoire, et deux fois plus de risques de chutes et d’accidents d’auto… Des accidents mortels dans certains cas. Quels sont donc les bénéfices que peuvent tirer les aînés des somnifères qui leur sont prescrits? «La pilule pour dormir que prennent mamie ou papi les mettent au lit une quinzaine de minutes plus tôt!», s’écrie Dr Justin Turner qui est chercheur postdoctorant en pharmacie associé à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, IUGM. Choisir avec soin affirme qu’il y a des études qui démontrent que les gens qui prennent des somnifères dorment à peine un peu plus longtemps que ceux qui n’en prennent pas. Avec des bénéfices aussi faibles et des risques potentiels aussi élevés, Dr Turner considère que les patients doivent être informés des autres options qui s’offrent à eux pour concilier le sommeil. Dr Turner a conçu le premier sondage à l’échelle nationale sur le niveau de familiarisation avec la déprescription chez la population de 65 ans et plus. Sa recherche permet de constater que des 2665 personnes consultées, seule 7% connait le mot déprescription. Ses conclusions montrent également que les Canadiens francophones sont environ 70% moins au courant des prescriptions dangereuses que les anglophones. Donner le pouvoir de décision aux personnes âgées de prendre leur santé en main est l’un des buts du Réseau canadien pour la déprescription, ReCaD, affirme sa directrice adjointe, la pharmacienne Camille Gagnon. «Nous [les pharmaciens], on ne nous a pas formés pour déprescrire, donc mon contact avec la déprescription a signifié un nouvel apprentissage, une autre façon de voir les choses», a-t-elle confié. Suite à la lecture de la brochure conçue par le ReCaD sur les risques de la prise de somnifères, «environ un patient sur quatre commence une déprescription des pilules pour dormir [auprès du médecin] », révèle madame Gagnon. « Et plusieurs d’entre eux se disent surpris de ne pas avoir été informées de tous les risques associés [aux médicaments qu’ils prennent]», ajoute le Dr Turner.
Pourtant, la population est prête : d’après les résultats du sondage, trois personnes sur quatre seraient prêtes à initier une discussion sur la déprescription si leur médecin leur disait que c’est faisable. Si la première étape, celle d’initier une conversation sur la déprescription, peut être entamée par le patient lui-même, il faut noter que les médecins ont eux aussi besoin de directives plus claires pour recommander le sevrage graduel des médicaments dangereux, déclare Mme Gagnon. C’est pourquoi, des membres du ReCaD ont élaboré des algorithmes de déprescription destinés aux médecins. Cette approche globale du traitement de la maladie qui implique davantage les décisions du patient sera, sans doute, novatrice dans notre culture. Le gouvernement canadien autorise l’importation de médicaments non-homologués pour freiner l’abus d’héroïne et d’opioïdes dans les principales provinces touchées. Les professionnels de la santé utiliseront des anti-opioïdes tels que le Diaphin, le Vivitrol, la Probuphine et le Suboxone pour traiter la dépendance aux drogues de rue. Par Myriam Allaf Le 28 juin 2017, Santé Canada a publié une liste contenant tous les médicaments nouvellement approuvés jugés les plus nécessaires en temps de crise en santé publique. Entre autres, elle y contient des médicaments qui n’étaient pas disponibles jusqu’alors sur le territoire canadien, utiles pour remédier à la crise des opioïdes. C’est dans la liste des médicaments en cas de besoin urgent en santé publique que ces médicaments non-homologués sont mis à jour régulièrement depuis l’instauration de cette nouvelle loi en avril 2017. Bien que ces médicaments soient légaux aux États-Unis, en Europe et en Suisse, le Canada ne les avait pas encore acceptés. Ces nouveaux règlements sont contenus dans le Règlement modifiant le Règlement sur les aliments et drogues. L’objectif de l’accès à ces nouveaux médicaments visera à augmenter l’efficacité de traitement pour un plus grand nombre de patients. Il aspirera également à réduire le nombre de rechutes auprès des toxicomanes. L’importation de ces médicaments n’aura cependant pas de pouvoir sur la réduction du nombre de personnes dépendantes. La consommation d’opioïdes génère de nombreuses conséquences dans la vie des personnes aux prises avec une dépendance, en plus des répercussions dans la société. Il y a augmentation d’actions criminelles, du risque d’infection au sida et du nombre de décès par surdoses d’opiacés. En 2016, 2816 personnes sont décédées en raison de surdoses aux opiacés au Canada. Les prescriptions d’opioïdes sont en hausse. Les données de la RAMQ indiquent une augmentation de 29 % des prescriptions entre l’année 2011 et 2015. Nature de cette tendance Mathilde Tremblay, pharmacienne propriétaire, croit que l’augmentation de la prise d’opiacés correspond à un mésusage, à une mauvaise information ou à une vente illégale de ces médicaments. «Il y a surprescription. Les opioïdes sont trop vite utilisés pour traiter une douleur quelconque, qui n’est peut-être pas nécessaire de traiter», déclare-t-elle. Elle souligne de plus que plusieurs personnes ont des prédispositions génétiques à développer une dépendance. Cette prédisposition se traduit par une faiblesse déjà présente. Le sentiment d’euphorie ressenti forge la répétition des épisodes d’abus. Raisons de cette importation La méthadone est la solution de première instance pour traiter la dépendance aux drogues de rue. C’est un anti-opioïde déjà autorisé qui est couramment utilisé. Elle ne figure donc pas sur la liste des nouveaux médicaments. «Par contre, elle n’est pas efficace pour tout le monde. Certaines contre-indications obligent le recours à un autre traitement», explique le Dr Louis Gendron, chercheur et expert en opioïdes au Centre de Recherche du CHUS de Sherbrooke. Il ajoute qu’il est primordial de choisir un traitement de substitution convenable afin d’optimiser son efficacité et de ne pas causer préjudice à l’état de santé du patient. Ainsi, le professionnel de la santé doit trouver un autre agent médicamenteux pour éviter une inefficacité ou des effets secondaires dangereux. Des procédures accélérées et de nouveaux règlements Au Canada, le programme d’accès spécial (PAS) de Santé Canada permet à un patient particulier d’obtenir un médicament dont la vente n’est pas autorisée. Il y a, de plus, la demande d’essai clinique (DEC) qui est la procédure générale pour la mise en marché d’un médicament. Cependant, ces deux mécanismes réglementaires ne sont pas adaptés pour un besoin urgent en santé publique. L’importation de ces médicaments sera permise pendant un an dans les provinces où un avis d’un agent de santé publique aura été émis. Cependant, si l’avis est renouvelé au cours des douze mois suivants l’émission de l’avis initial, l’importation et la vente du médicament continueront. Plus de la moitié des décès par surdoses est attribuable au fentanyl ou à ses analogues, au Canada en 2016. Le débat sur la médication du trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est loin d’être clos. Des chercheurs de l’Université de Groningen, aux Pays-Bas, affirment que l’utilisation des médicaments de la catégorie des psychostimulants, employés pour traiter le TDAH, est sûre à court et moyen terme. Mais ils ne sont pas certains de l’efficacité et des risques à long terme. Par Audrey Pierre Le TDAH est un trouble neurologique caractérisé par des comportements d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité jugés inadéquats par rapport à l’âge. Cette maladie touche 3 à 4 % des enfants et adolescents. La molécule la plus souvent prescrite pour son traitement est le méthylphénidate, un psychostimulant que l’on retrouve dans le Ritalin. Les chercheurs néerlandais ont analysé les écrits scientifiques sur ce produit et ont trouvé que l’efficacité du Ritalin est prouvée à court terme. Par contre, l’efficacité et les risques d’une utilisation à long terme restent peu connus. Dès lors, il existe une grosse tension entre les personnes favorables à la médication du TDAH et celles qui la refusent. «Il y a un désir d’éliminer la médication chez les enfants quasiment à tout prix dans certains milieux que je n’arrive pas à comprendre. Cette médication n’est pas dangereuse quand elle est donnée à des gens qui ont vraiment le diagnostic, qu’elle est donnée par des médecins compétents qui connaissent bien le TDAH et ses enjeux et qui vont assurer un suivi étroit», affirme Nancy Rouleau, professeur à l’Université Laval. Il est vrai que les traitements médicamenteux impliquent souvent des effets indésirables, qu’ils soient physiques, psychologiques ou développementaux. Par exemple, les effets physiques les plus communs sont la perte d’appétit et les troubles du sommeil. Pour les effets psychologiques, des troubles de l’humeur apparaissent dans certains cas. Ils prennent différentes formes selon les personnes : perte de spontanéité, augmentation de l’énervement, difficulté à calmer ses émotions, … Cependant, il ressort de l’étude que les effets indésirables de l’ordre de la psychologie sont liés au TDAH lui-même et non pas aux médicaments. En effet, le TDAH présente beaucoup de comorbidité, c’est-à-dire que les patients diagnostiqués souffrent souvent d’autres troubles, comme une grande anxiété. Si les effets indésirables persistent et diminuent la qualité de vie du patient, un changement de dosage ou de molécule s’impose. Généralement, il s’écoule environ un an pour trouver le bon médicament et le bon dosage. Nancy Rouleau insiste sur le fait qu’ «on cherche à augmenter les effets positifs de la médication sans augmenter les effets indésirables, jusqu’à trouver le bon dosage». Le médecin incarne alors une balance qui pèse le pour et le contre pour trouver le point où il y aura un maximum de bons effets pour un minimum d’effets indésirables. Pourtant, entre 15 et 20 % des personnes diagnostiquées TDAH ne répondent pas à la médication, ce qui entraîne également des risques. D’après Nancy Rouleau, les personnes non traitées ont plus de risques de souffrir de toxicomanie. L’étude néerlandaise conseille de mener des recherches supplémentaires pour mettre à jour le lien entre la médication durant l’enfance et la toxicomanie pouvant apparaître ensuite. Une dernière inquiétude est l’effet du médicament sur le développement du cerveau. Pour certains scientifiques, les médicaments ajustent le développement pour aboutir à un cerveau dit normal, où le dysfonctionnement biologique du TDAH n’apparaît plus. Pour d’autre, le médicament ne modifie pas le cerveau du patient. Encore une fois, des études supplémentaires sont nécessaires pour connaître les effets précis de la médication sur le développement du cerveau chez les enfants atteints de TDAH. La transmission génétique expliquerait le TDAH à hauteur de 75%. Les 25% restants constituent des facteurs appelés environnementaux, comme la consommation de substances durant la grossesse, la prématurité ou la pollution. Pour en savoir plus…
Emission Une pilule, une petite granule :http://zonevideo.telequebec.tv/media/17626/emission-248/une- pilule-une- petite-granule La génétique et le TDAH : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2847260/847260/ Le TDAH est-il lié à la pollution ? : http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0111670 Le nouveau guide personnel de la GAM 2017 amène les personnes à faire des choix libres et éclairés concernant leur médication par Zeyda Rodriguez Des organismes communautaires et des chercheurs du Québec collaborent dans la production d’un guide pour un usage éclairé des médicaments en santé mentale. L’objectif: remédier au manque d’informations reçues par les patients et prévenir les arrêts brusques de médication. «La Gestion autonome de la médication en santé mentale (GAM) est une approche philosophique, différente de l’approche psychiatrique traditionnelle», explique Mathilde Lauzier, co-responsable au développement des pratiques et à la formation du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ). Née au Québec, cette approche novatrice est l'objet d'un nouveau guide personnel sorti en septembre dernier. «On veut s’assurer que les gens ont l’information sur la médication pour qu’ils puissent exercer un choix libre.» S’intéresser à la personne, non à la maladie Selon Bertrand Gilot, psychiatre, les gens ont des façons très diffèrentes de percevoir les médicaments qui soulagent la souffrance psychique. Chez certaines personnes, le médicament est attendu comme «une réponse presque magique». Chez d'autres, au contraire, «la simple proposition d'un traitement psychotrope réveille des craintes». Ces médicaments deviennent donc souvent une source d'incompréhensions entre patients et médecins. La GAM vise donc à soutenir la personne dans sa prise de décision face au traitement en se centrant sur l’expérience et le point de vue de celle ou celui qui consomme le médicament. Accompagnée du guide personnel, la personne explore son rapport à la médication et sa qualité de vie au moyen de questionnements tels que: Est-ce que la médication a bien répondu à ce que je désirais? Ai-je eu le choix de prendre des médicaments, ou non? Certaines de mes questions sont-elles demeurées sans réponse? Quels sont mes droits? Quelles sont mes options? Quoi de neuf dans le guide 2017? L’actualisation du guide est le résultat d’un travail de recherche et d’évaluation de l’édition de 2002, et tient compte de l’expérience des personnes qui ont fait une démarche GAM. Lisa Benisty, membre de l’Équipe de recherche et d’action en santé mentale et culture (ÉRASME) qui est parmi les auteurs du guide, explique à ce sujet: «Il y a toujours un processus de consultation, des focus groups, des entrevues pour rencontrer des gens qui utilisent le kit GAM et les intervenants qui les accompagnent dans leur démarche, pour que le guide soit mis à jour en fonction de l’usage que les gens en font et des besoins qui sont en lien avec la GAM.» Le document contient une mise à jour importante sur les médicaments, la méthode sécuritaire de sevrage, et des exercices sur l’aspect symbolique de la médication. Il se veut très complet afin «que les gens puissent avoir toute l’information qui leur faut pour faire une démarche GAM», conclut l’assistante de recherche. Deux mille exemplaires en ont déjà été distribués, principalement dans les ressources alternatives et les groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale. Ils sont gratuits pour les personnes auxquelles on a prescrit une médication en santé mentale. Les milieux de pratiques GAM, présents partout au Québec, offrent différentes pratiques de soutien à la Gestion autonome de la médication. Parmi ces pratiques, on peut trouver des ateliers de groupe, mais aussi des accompagnements individuels. Ils permettent d’explorer avec la personne ses besoins, et les effets de différents médicaments sur sa qualité de vie, et d'évaluer les actions à entreprendre en fonction des changements souhaités. Jouer à la roulette russe avec sa santé Le 26 janvier 2014, les grands-parents d’un adolescent de 14 ans d’Asbestos, de retour à leur domicile en soirée, trouvent leur petit-fils inanimé sur leur divan. «Il a les lèvres bleues, il semble avoir de la difficulté à respirer et il a vomi», relate le Dr Gilles Sainton dans son rapport d'investigation du coroner. Transporté à l’hôpital en ambulance, il décède une heure plus tard d’un arrêt cardio-respiratoire. Par Éric Whittom Les policiers trouvent dans l’une des poches de cet adolescent aux prises avec une dépendance aux drogues deux enveloppes de timbres de fentanyl, un analgésique opioïde très puissant prescrit à un membre de sa famille. L’une d’entre elles est vide. Les analyses toxicologiques révèlent une consommation de cannabis, d’alcool et de fentanyl. Le coroner Sainton attribue son décès à une intoxication au fentanyl, dont la concentration dans son sang est « près de deux fois la concentration létale ». Le pharmacien-toxicologue de l’Institut national de santé publique du Québec, Pierre-André Dubé, raconte que des adolescents participent à des soirées de pilules. «Les jeunes apportent des médicaments qu’ils ont trouvés chez eux, un ami ou leurs grands-parents. En arrivant, ils les mettent dans un grand bol. Pendant la soirée, ils pigent une pilule. Ce qui les excite, c’est de ne pas savoir ce qui va leur arriver. Ils risquent toutefois de s’intoxiquer.» Le Centre antipoison du Québec reçoit « quelques » appels concernant des jeunes qui partagent des médicaments qu’un ami leur a fournis, indique sa directrice médicale, Dre Maude St-Onge. Selon une étude publiée en juillet 2017 dans la revue Pediatric Emergency Care, l’abus de médicaments était en cause dans 3,5 % des 3 043 intoxications diagnostiquées chez des adolescents américains. Ces derniers ont été traités, entre janvier 2010 et juin 2013, dans l’une des 37 urgences américaines inscrites à l’étude. Les médicaments les plus souvent ingérés étaient l’antitussif dextrométhorphane (12 %) et les analgésiques opioïdes (11 %). À la recherche du bonheur Pour leurs effets euphorisants, des adolescents consomment des médicaments subtilisés à leurs proches ou achetés dans une pharmacie ou auprès d’un revendeur de drogue. En 2013, 2,6 % des 5 000 élèves québécois du secondaire, qui ont répondu à une enquête de l’Institut de la statistique du Québec, ont admis avoir consommé des médicaments qu’un médecin ne leur avait pas prescrits. En 2015, les catégories de médicaments les plus consommés à des fins non médicales chez les étudiants du secondaire de l’Ontario ont été les suivants: les analgésiques opioïdes (10%), les médicaments contre la toux et le rhume (6,4%) et ceux pour traiter le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (2,1 %). Ces données émanent du Sondage sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l’Ontario mené en 2015 auprès de quelque 10 500 élèves de la 7e à la 12e année. Santé en péril Pierre-André Dubé signale que l’abus de médicaments peut avoir plusieurs répercussions nuisibles sur la santé physique, mentale ou psychosociale d’un adolescent. Il donne comme exemple des troubles neurologiques. «Un jeune qui fait un surdosage aux opioïdes peut se retrouver, à la suite d’un manque d’oxygène au cerveau, avec des séquelles permanentes comme une perte de l’odorat, de l’ouïe ou de la mémoire à court terme.» Entre 2005 et 2015, le Bureau du coroner du Québec rapporte 11 décès par intoxication accidentelle chez des adolescents après un abus de médicaments, dont celui de l’adolescent d’Asbestos. Le rapport du coroner Sainton ne contient aucune recommandation. Toutefois, la Dre Maude St-Onge suggère de «conscientiser les jeunes aux risques qu’ils courent à consommer des médicaments dont ils ne connaissant pas les effets». Certains médicaments plus en vogue que d’autres chez les adolescents Sondage sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l’Ontario, édition 2015, Centre de toxicomanie et de santé mentale, Toronto, Ontario. [En ligne] http://www.camh.ca/en/research/news_and_publications/ontario-student-drug-use-and-health-survey/Documents/2015%20OSDUHS%20Documents/2015OSDUHS_Detailed_DrugUseReport.pdf |
Auteur(e)sÉric Whittom ArchivesCatégories |