« Malgré les recommandations des experts, les médecins continuent de prescrire des somnifères aux personnes âgées, parfois au péril de leur vie. Il est temps de penser à la déprescription » c’est la recommandation du docteur en pharmacie Justin Turner. La déprescription est la procédure pour diminuer ou arrêter la prise de médicaments inutiles ou potentiellement nuisibles. par Catalina Villegas Selon les données de la campagne nationale Choisir avec soin, près d’un tiers des personnes âgées prennent des somnifères malgré les risques propres à ce groupe d’âge. Ces risques incluent la dépendance physique, confusion et pertes de mémoire, et deux fois plus de risques de chutes et d’accidents d’auto… Des accidents mortels dans certains cas. Quels sont donc les bénéfices que peuvent tirer les aînés des somnifères qui leur sont prescrits? «La pilule pour dormir que prennent mamie ou papi les mettent au lit une quinzaine de minutes plus tôt!», s’écrie Dr Justin Turner qui est chercheur postdoctorant en pharmacie associé à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, IUGM. Choisir avec soin affirme qu’il y a des études qui démontrent que les gens qui prennent des somnifères dorment à peine un peu plus longtemps que ceux qui n’en prennent pas. Avec des bénéfices aussi faibles et des risques potentiels aussi élevés, Dr Turner considère que les patients doivent être informés des autres options qui s’offrent à eux pour concilier le sommeil. Dr Turner a conçu le premier sondage à l’échelle nationale sur le niveau de familiarisation avec la déprescription chez la population de 65 ans et plus. Sa recherche permet de constater que des 2665 personnes consultées, seule 7% connait le mot déprescription. Ses conclusions montrent également que les Canadiens francophones sont environ 70% moins au courant des prescriptions dangereuses que les anglophones. Donner le pouvoir de décision aux personnes âgées de prendre leur santé en main est l’un des buts du Réseau canadien pour la déprescription, ReCaD, affirme sa directrice adjointe, la pharmacienne Camille Gagnon. «Nous [les pharmaciens], on ne nous a pas formés pour déprescrire, donc mon contact avec la déprescription a signifié un nouvel apprentissage, une autre façon de voir les choses», a-t-elle confié. Suite à la lecture de la brochure conçue par le ReCaD sur les risques de la prise de somnifères, «environ un patient sur quatre commence une déprescription des pilules pour dormir [auprès du médecin] », révèle madame Gagnon. « Et plusieurs d’entre eux se disent surpris de ne pas avoir été informées de tous les risques associés [aux médicaments qu’ils prennent]», ajoute le Dr Turner.
Pourtant, la population est prête : d’après les résultats du sondage, trois personnes sur quatre seraient prêtes à initier une discussion sur la déprescription si leur médecin leur disait que c’est faisable. Si la première étape, celle d’initier une conversation sur la déprescription, peut être entamée par le patient lui-même, il faut noter que les médecins ont eux aussi besoin de directives plus claires pour recommander le sevrage graduel des médicaments dangereux, déclare Mme Gagnon. C’est pourquoi, des membres du ReCaD ont élaboré des algorithmes de déprescription destinés aux médecins. Cette approche globale du traitement de la maladie qui implique davantage les décisions du patient sera, sans doute, novatrice dans notre culture.
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Auteur(e)sÉric Whittom ArchivesCatégories |