Le débat sur la médication du trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est loin d’être clos. Des chercheurs de l’Université de Groningen, aux Pays-Bas, affirment que l’utilisation des médicaments de la catégorie des psychostimulants, employés pour traiter le TDAH, est sûre à court et moyen terme. Mais ils ne sont pas certains de l’efficacité et des risques à long terme. Par Audrey Pierre Le TDAH est un trouble neurologique caractérisé par des comportements d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité jugés inadéquats par rapport à l’âge. Cette maladie touche 3 à 4 % des enfants et adolescents. La molécule la plus souvent prescrite pour son traitement est le méthylphénidate, un psychostimulant que l’on retrouve dans le Ritalin. Les chercheurs néerlandais ont analysé les écrits scientifiques sur ce produit et ont trouvé que l’efficacité du Ritalin est prouvée à court terme. Par contre, l’efficacité et les risques d’une utilisation à long terme restent peu connus. Dès lors, il existe une grosse tension entre les personnes favorables à la médication du TDAH et celles qui la refusent. «Il y a un désir d’éliminer la médication chez les enfants quasiment à tout prix dans certains milieux que je n’arrive pas à comprendre. Cette médication n’est pas dangereuse quand elle est donnée à des gens qui ont vraiment le diagnostic, qu’elle est donnée par des médecins compétents qui connaissent bien le TDAH et ses enjeux et qui vont assurer un suivi étroit», affirme Nancy Rouleau, professeur à l’Université Laval. Il est vrai que les traitements médicamenteux impliquent souvent des effets indésirables, qu’ils soient physiques, psychologiques ou développementaux. Par exemple, les effets physiques les plus communs sont la perte d’appétit et les troubles du sommeil. Pour les effets psychologiques, des troubles de l’humeur apparaissent dans certains cas. Ils prennent différentes formes selon les personnes : perte de spontanéité, augmentation de l’énervement, difficulté à calmer ses émotions, … Cependant, il ressort de l’étude que les effets indésirables de l’ordre de la psychologie sont liés au TDAH lui-même et non pas aux médicaments. En effet, le TDAH présente beaucoup de comorbidité, c’est-à-dire que les patients diagnostiqués souffrent souvent d’autres troubles, comme une grande anxiété. Si les effets indésirables persistent et diminuent la qualité de vie du patient, un changement de dosage ou de molécule s’impose. Généralement, il s’écoule environ un an pour trouver le bon médicament et le bon dosage. Nancy Rouleau insiste sur le fait qu’ «on cherche à augmenter les effets positifs de la médication sans augmenter les effets indésirables, jusqu’à trouver le bon dosage». Le médecin incarne alors une balance qui pèse le pour et le contre pour trouver le point où il y aura un maximum de bons effets pour un minimum d’effets indésirables. Pourtant, entre 15 et 20 % des personnes diagnostiquées TDAH ne répondent pas à la médication, ce qui entraîne également des risques. D’après Nancy Rouleau, les personnes non traitées ont plus de risques de souffrir de toxicomanie. L’étude néerlandaise conseille de mener des recherches supplémentaires pour mettre à jour le lien entre la médication durant l’enfance et la toxicomanie pouvant apparaître ensuite. Une dernière inquiétude est l’effet du médicament sur le développement du cerveau. Pour certains scientifiques, les médicaments ajustent le développement pour aboutir à un cerveau dit normal, où le dysfonctionnement biologique du TDAH n’apparaît plus. Pour d’autre, le médicament ne modifie pas le cerveau du patient. Encore une fois, des études supplémentaires sont nécessaires pour connaître les effets précis de la médication sur le développement du cerveau chez les enfants atteints de TDAH. La transmission génétique expliquerait le TDAH à hauteur de 75%. Les 25% restants constituent des facteurs appelés environnementaux, comme la consommation de substances durant la grossesse, la prématurité ou la pollution. Pour en savoir plus…
Emission Une pilule, une petite granule :http://zonevideo.telequebec.tv/media/17626/emission-248/une- pilule-une- petite-granule La génétique et le TDAH : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2847260/847260/ Le TDAH est-il lié à la pollution ? : http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0111670
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Auteur(e)sÉric Whittom ArchivesCatégories |